un chaton korat bien dans ses pattes
Le chat est un animal « nidicole« , c’est à dire que le chaton va rester dans le giron de sa mère, dans le « nid », les premières semaines de sa vie (contrairement par exemple au poulain ou au veau, capables dès leur naissance de se déplacer et fuir aux côtés de leur mère). Pendant cette période, puis tout au cours de son développement, il va recevoir de son environnement local et social des informations qui conditionneront ses comportements futurs, et ses capacités d’adaptation à un milieu, notamment à son milieu social, ce qu’on appelle la « socialisation« . C’est la capacité du chaton à s’intégrer dans un groupe en en comprenant les comportements. On parlera de socialisation « intraspécifique » pour ce qui concerne les comportements entre chats, et de socialisation « interspécifique » pour ce qui concerne les comportements entre le chat et d’autres espèces, dont bien sûr la plus importante est l’homme, mais aussi les chiens, les différents animaux familiers.
On pense que l’essentiel du développement psychosocial commence dans l’utérus de la mère et se poursuit jusqu’à 7 à 12 semaines.
La socialisation commence quand le chaton est capable de s’éloigner de sa mère, autrement dit quand il est bien développé d’un point de vue moteur. Il s’éloigne par curiosité, à ce stade il ne perçoit pas la peur! Il doit aussi être capable de mémoriser ce qu’il expérimente.
On pense donc que la phase de socialisation débute vers la 2ème ou 3ème semaine de vie, et se termine entre la 7ème et la 9ème, voire la 12ème quand le milieu est favorable, voir plus bas.
A la fin de ce processus apparaît la « peur de ce qui est nouveau », en même temps que la capacité motrice d’échapper à un danger potentiel.
Autrement dit, si la socialisation n’est pas réalisée au bon moment, ensuite c’est trop tard ! Ce qui se faisait naturellement, devient un processus d’apprentissage complexe où le chaton va devoir « apprendre à connaître » une nouvelle espèce, ce qui est long et délicat.
une socialisation réussie
Le facteur déterminant pour que la socialisation à une espèce soit réussie (et attention, c’est valable pour une seule espèce et à recommencer pour chaque nouvelle!), c’est que le premier contact soit POSITIF, qu’il apporte quelque chose de positif au chaton. Par exemple, si le premier contact avec un humain est une caresse douce, le chaton étendra cette appréciation positive aux autres membres de l’espèce humaine. si le renforcement est négatif, de la même manière cet aspect négatif sera étendu à tous les autres individus de l’espèce humaine.
les problèmes liés à une mauvaise socialisation
Les conséquences d’une mauvaise socialisation sont importantes. elles sont le résultat de problèmes de communication avec l’espèce ou les espèces concernées, cela peut aller jusqu’à de la peur, voire de la phobie, des troubles sexuels, de l’agressivité, etc… J’ai évoqué le cas de Chalerwan, ma première korat, élevée dans des conditions qui ne lui ont pas permis de connaître l’espèce humaine et ses codes.
la socialisation intraspécifique
Au cours des jeux, qui sont donc très importants, le chaton découvre ses congénères, apprend à communiquer avec eux, découvre la douleur d’une morsure ou d’une griffure…
Dans mon élevage, les chats évoluent tous ensemble, adultes et chatons. Les grands apprennent les limites aux petits. Le papa prend surtout la relève pour les jeux. Mais tous sont très complémentaires et en font des chatons très équilibrés.
la socialisation interspécifique
Karsch a montré que le nombre et la durée des manipulations augmentent la socialisation à l’homme, sachant que 40′ donnent de meilleurs résultats que 20′ de manipulations journalières, et qu’au delà de 60′ on ne voit plus de différence. Cela s’appelle « le handling ». La qualité de ce « handling » est fonction qui le réalise. Ainsi, si plusieurs personnes le font, le chaton sera très débrouillard mais assez indépendant et moins attaché à l’homme, mais aussi moins peureux. Par une seule personne, le handling favorisera l’attachement du chaton à cette personne.
Savoir aussi que le milieu de vie est un facteur très important de la socialisation: si le milieu est anxiogène et stressant pour le chaton, alors la période de socialisation est raccourcie ; par contre, si l’environnement est très favorable, alors la période de socialisation s’allonge. D’où l’importance des conditions d’élevage du chaton !…
Si on veut un chaton très sociable, il faudrait essayer de le socialiser tôt à toutes les espèces qu’il est susceptible de rencontrer dans sa vie adulte : humains, chiens, lapins, et attention, les enfants constituent une « espèce à part » étant donné leur comportement souvent imprévisible, les cris qu’ils poussent et gestes maladroits.
A NOTER :
donner à manger au chaton ne suffit pas à le sociabiliser !
le milieu enrichi
Pour augmenter les capacités d’apprentissage des chatons et diminuer leur niveau émotionnel, il est conseillé de beaucoup jouer avec les chatons, les stimuler, leur offrir l’opportunité de découvrir des objets très divers, des bruits aussi, des choses à escalader, des endroits où se cacher… Ceci favorise le comportement de jeu et la socialisation !
Il a été montré que des chatons élevés dans un milieu « enrichi » de ce type présentaient à 4 semaines des positions de jeu, des comportements ludiques, qui normalement n’apparaissent que vers 5 semaines. Il faut alors se rappeler l’importance du jeu dans la socialisation et le comportement adulte du chat ! De plus, le milieu enrichi permettra au chaton de s’adapter beaucoup plus facilement aux nouveaux endroits, aux changements de toutes sortes…